Il est difficile de prétendre que s’orienter après le bac soit un jeu d’enfant. En France, pays où l’accès aux études supérieures est depuis des décennies un combat engagé par les différents gouvernements au pouvoir, il est toujours ardu de trouver sa voie. Pour la majorité des jeunes, orientation signifie surtout Parcoursup. Mais nous le savons tous, faire un choix est très largement compliqué par l’appétence pour certaines filières et aussi par la géographie de la vie étudiante. Au-delà des facéties de l’algorithme, c’est une véritable course à obstacles, une succession d’énigmes que doivent franchir les futurs diplômés. On pourrait croire qu’il suffit d’être bon dans une ou deux disciplines pour savoir où aller, mais il n’en est rien.
De nombreux projets ont vu le jour pour tenter d’améliorer la lisibilité et la compréhension de l’offre pléthorique de formations proposée en France par les établissements de l’enseignement supérieur. Par exemple, Oraccle[1], mené par la région Ile-de-France, la région académique, les 3 rectorats et les 14 universités franciliennes, dans l’objectif de bâtir un véritable écosystème régional de l’orientation. Sachant que la région accueille chaque année quelque 500 000 lycéens et plus de 700 000 étudiants répartis sur 48 établissements d’enseignement supérieur, on peut légitimement penser que chacun trouve sa place. Et pourtant, le désarroi exprimé par nombre de ces jeunes montre que la situation demeure difficile, d’autant que seuls 40% des franciliens se retrouvent diplômés de l’enseignement supérieur.
Alors comment l’Etat aide-t-il parents et enfants à se sortir du labyrinthe ?
Rappelons ici qu’il existe de nombreux points d’information mis à disposition du public par le ministère, afin de guider dans l’orientation, à commencer par le service commun universitaire d’information, d’orientation et d’insertion professionnelle (SCUIO IP). Pas toujours présent, il est créé par une université et fournit ressources et renseignements à ses visiteurs, avec pour objectif d’organiser l’accueil, l’information et l’orientation des étudiants à leur entrée à l’université et tout au long de leur cursus universitaire. Encore faut-il arriver jusqu’à lui et envisager des études universitaires. Bien souvent, les choix se ferment dès le collège, puis au lycée. La dernière réforme du baccalauréat a suscité de nombreuses critiques tant le choix des spécialités dès la première et la terminale, a un impact lourd sur la suite du parcours. Comme le précise le site de l’ONISEP, « Il est préférable que votre enfant choisisse les enseignements de spécialité en fonction de ses goûts, de ses aptitudes et de son projet professionnel, notamment s’il a déjà des idées de métiers ou de secteurs d’activité. »
Qui sont les jeunes de 16 ans qui ont déjà dessiné un projet professionnel ?
La question peut trouver sa réponse dans la création du Contrat d’Engagement Jeune, lancé dans le cadre d’un jeune, une solution, à destination de tous celles et ceux qui ne sont pas « étudiants et dont ont bénéficié quelque 4 millions de jeunes en deux ans. Après un parcours personnalisé qui peut durer douze mois, l’objectif est avant tout de trouver un emploi. Peut-on réellement parler d’orientation, là où il s’agit surtout d’insertion dans le mode professionnel ? Pour autant, choisir un métier, est un choix pragmatique dans un contexte d’incertitude quant aux métiers d’avenir, dont on nous annonce régulièrement qu’ils seront nouveaux pour 70% d’entre eux, si l’Intelligence Artificielle ne chamboule pas tout d’ici 2030.
Le problème principal de l’orientation est-il celui du genre ?
À en croire de nombreuses publications sur ce thème, à la difficulté d’imaginer son avenir professionnel, s’ajoute désormais l’appréhension liée à la sur-représentation d’un genre dans la filière visée. Depuis très longtemps, notre système engendre une réelle désaffection des filles pour les disciplines de la science dure, et à l’inverse un mépris des garçons pour les disciplines de sciences humaines. La sélection par les mathématiques continue de faire des ravages alors même que tout porte à croire que les métiers liés au numérique et donc au code ou à la data, sont en plein essor. Ainsi, par exemple, l’Université de Bordeaux, a-t-elle lancé une « semaine de sensibilisation aux inégalités de genre dans l’orientation scolaire ».
L’AEF le rappelle dans un article consacré à ce thème, « les filles choisissent bien plus que les garçons, à mention au baccalauréat et niveau social équivalents, de se diriger vers les Pass, LAS et le sanitaire. »[2] Pour tenter d’apporter une réponse à cette influence de la représentation du genre dans les choix d’orientation, c’est dès la seconde qu’il faut agir, comme le propose l’Université de Bordeaux en invitant 140 élèves de lycée à réfléchir à la question. En montant sur scène pour des représentations théâtrales, les jeunes ont pu mieux comprendre les biais cognitifs liés au genre ou à l’origine sociale. En première, 250 élèves ont assisté à la projection du film « Divertimento », de Marie-Castille Mention-Schaar, qui aborde l’ascension sociale de jeunes femmes dans le milieu de la musique. Là encore, il s’agissait de les sensibiliser à la représentation sociale des choix de carrière ou de métiers. Pourquoi les filles seraient-elles davantage des musiciennes que des développeuses d’Intelligence Artificielle ?
Mais une fois ce choix de filière assumé, reste encore celui de la mobilité vers un territoire, parfois, inconnu. Les étudiants sont de plus en plus mobiles et prêts à quitter le foyer familial, pour peu que leurs ressources ou leur désir d’aventure les y invitent. Car, ce n’est pas nécessairement une question d’argent qui pousse les jeunes à rester près de chez eux. Souvent, il y al a promesse d’un ailleurs qui accompagne celle d’un futur. Devenir ingénieur, étudier l’économie, le droit, la médecine ou la physique peut se faire à Montpellier comme à Amiens. Et comme pour les « grands », la qualité de vie joue un rôle déterminant dans l’orientation géographique. Alors les villes et plus largement les territoires, tentent d’attirer les talents dès leur sortie du lycée. Choisir sa région, sa ville devient un enjeu et peu influencer le parcours professionnel.
Et la vie dans tout cela ?
A en croire le classement établi chaque année par l’Etudiant, c’est d’ailleurs Montpellier qui serait la ville la plus accueillante pour y faire des études. Amiens, et l’Université de Picardie sont un peu moins bien classées. Pour autant, l’établissement à l’instar de nombreux autres, communique pour séduire les futurs étudiants en quête de bien-être. Des statistiques et des performances relatives issues d’enquête laisse penser que l’on pourrait trouver dans cette belle région picarde de quoi s’épanouir tout en acquérant compétences et diplômes. Mais comment vérifier que si l’on ne prend pas sa voiture pour se rendre sur le campus, c’est par choix responsable et parce qu’il y a une offre de transport en commun irrésistible, ou simplement parce que l’on loge à proximité ? Là encore, s’orienter reste compliqué. Pourtant, Lucie, étudiante en 3ème année de médecine déclare « tant pour son ambiance que la qualité de sa formation, l’UPJV m’offre un cadre privilégié pour m’épanouir au quotidien dans mes études. Ici, je me sens vraiment encouragée dans la voie de l’excellence. » D’ailleurs 87% de ses 32 000 étudiants recommandent l’UPJV d’après le site.
Ailleurs, c’est Dijon qui expose son classement de 3ème derrière Aix-en-Provence et Angers au rang des meilleures villes étudiantes selon le classement du Figaro au 25 mai dernier. L’orientation est sans nulle doute toujours aussi compliquée pour des jeunes en quête de sens, confrontés à des changements et à des transformations technologiques et de plus en plus inspirés par leurs ainés, chercheurs de bien-être.
Peut-on leur en vouloir de faire passer la qualité de vie avant leur parcours à la recherche d’un diplôme de l’enseignement supérieur ?
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