La campagne est dorée par le soleil du matin lorsque nous arrivons pour visiter le campus de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Un joli éclat dans le ciel automnal qui percute les arêtes métalliques des bâtiments modernes dans lesquels se nichent à la fois les bureaux de la présidence et toutes les disciplines réparties sur différents sites. Un minibus nous attend. Il nous permettra de voyager de la science aux humanités en passant par la bibliothèque, les terrains de sport et l’IUT. Collines, vues sur les vignes, traversées des artères de la ville bordée par les grandes maisons de champagne, les décors renvoient au patrimoine et à la diversité de la région. Les étudiants sont là aussi, et tout le monde nous le dira, c’est un plaisir de les retrouver chaque jour.
Alors notre première question adressée tant aux équipes dirigeantes qu’aux enseignants que nous rencontrerons au long de cette journée, est tournée vers les changements dans les usages et les comportements après déjà presque deux ans de crise sanitaire. Quels sont les nouveaux équipements, les nouveaux outils numériques qui ont permis à la fois de traverser les périodes de confinement et de transformer positivement la pédagogie ? Pour nous aiguiller dans cet ensemble de structures diverses, nous sommes pris en main par Patrick Ravaux, Vice-Président délégué aux transformations pédagogiques. Qui mieux que lui pour nous accompagner dans un tour du campus ?
Partout des étudiants circulent librement en respectant les gestes barrière. Sur tous les sites, ils semblent heureux de se retrouver et de travailler ensemble.
« Ces espaces sont plébiscités par les étudiants et on voit que dès le moment où on crée des tiers lieux, où on crée des salles où ils vont pouvoir travailler ensemble en projet avec du matériel un peu spécifique, on voit que ces espaces sont vraiment très, très utilisés », précise Patrick Ravaux au cours de nos visites.
« Lorsqu’on parle de co-modal pour nos salles les plus équipées, c’est pour faire à la fois du présentiel et à la fois du distanciel. Maintenant dans les bâtiments, on trouve du co-working, on trouve des espaces où les étudiants peuvent travailler entre eux. » ajoute Thierry Letellier, Vice-Président délégué aux moyens et au patrimoine, pour souligner les efforts réalisés pour adapter les infrastructures.
C’est d’ailleurs cette transformation qui est citée comme enjeu prioritaire :
« les grands enjeux, ça va être bien évidemment de reprendre les acquis de la période de crise pour pouvoir mener nos étudiants vers la réussite ». Damien Jouet, Vice-Président de la CFVU.
Et les étudiants que nous interrogeons partagent largement ce point de vue, puisqu’ils ont même, pour certains, découvert le campus seulement en cette rentrée 2021. Le distanciel s’est plutôt bien passé, mais revoir des professeurs et les écouter en amphi ou en salle de cours, c’est un retour à la normale apprécié par tous. Ce que confirme Carine El Bekri, directrice de la Bibliothèque Universitaire : « qui accueille les étudiants des trois campus, plus les étudiants du pôle santé qui font leur première année sur ce campus aussi, soit à peu près 8 000 étudiants. »
Pour autant les usages numériques ont bel et bien évolué rapidement et en profondeur. Le travail collaboratif, l’accès et le partage de ressources se sont développés. Les liens numériques entre les différents sites, y compris ceux plus éloignés de Troyes, Charleville, Chaumont ou Châlons-en-Champagne, par exemple, se sont renforcés. Les distances ont été pratiquement abolies autorisant chacun à travailler avec tous. Cette performance inédite souligne le dynamisme mais aussi la remarquable réactivité des équipes de l’Université.
« On a travaillé sur un projet régional de réseau très haut débit au niveau du Grand-Est avec 5 campus impliqués. Le but, au-delà de la montée en puissance des liens, c’est vraiment d’apporter le confort du numérique très haut débit. Par exemple, le lien troyen va être monté à 40 Giga et on a ainsi la même connexion qu’entre deux bâtiments de l’université ici à Reims. Et je tiens à souligner que toutes les collectivités ont participé à ce projet, techniquement et financièrement », nous informe Philippe Poplimont, Vice-Président délégué au numérique.
Que pensent les enseignants qui ont dû et su s’adapter à la transformation des usages du numérique ?
Tous nous répondent que les cours à distance se sont plutôt bien déroulés et qu’ils aiment évidemment un retour au présentiel, même si comme le souligne Cédric Jacquard, maître de conférences en biologie, « le présentiel avec un masque présente l’inconvénient de rendre l’audition plus compliquée ». Mais pour ce qui concerne les outils que les enseignants ont pris l’habitude d’utiliser, il faut rappeler que tout le monde était déjà prêt avant la mise en œuvre des confinements stricts. Des formations ont été apportées aux enseignants et aux personnels administratifs en ce sens. Aujourd’hui, on évoque davantage un modèle hybride, signifiant que Moodle, Google Doc ou Zoom, font désormais partie du paysage de la pédagogie universitaire.
« L’impact du numérique est très fort et il permet une ouverture des possibles sans limitation », affirme Philippe Poplimont. « On peut ainsi déployer toutes les applications que souhaitent utiliser les chercheurs et les enseignants, même si l’on tend à favoriser les outils qui sont les moins gourmands en débit. Nous avons encore des projets numériques très importants, comme le développement d’un Data Center, et aussi le projet Demetere que nous venons de remporter au travers d’un appel à projet national de démonstrateur numérique de l’ESR. Il s’agit de travailler la pédagogie via le numérique avec un angle d’aménagement du territoire. »
La pratique pédagogique des enseignants montre qu’ils ont capitalisé sur l’usage des nouveaux outils en y prenant goût. « Nous avons mis en place un accompagnement des enseignants pour les aider et les inciter à prendre en main ces nouvelles pédagogies », nous rassure Damien Jouet. « Il faut mettre en face et faire travailler ensemble pratiques distanciels et présentiels », conclut-il. À condition que les étudiants, eux aussi, soient formés aux nouveaux usages numériques. C’est du moins ce que soulignent les professeurs rencontrés sur le campus. Car la culture du numérique dans le cadre d’une université, c’est tout autre chose que la maîtrise du scrolling sur un fil Instagram ou la mise en ligne de vidéos sur Tik Tok. Bien souvent, certains croient être Digital natives, là où en réalité ils ne sont que des consommateurs de contenus et des pourvoyeurs de likes sur les réseaux sociaux.
C’est ce qui motive Didier Baltazart, professeur d’informatique, dans la mise en place de la certification PIX, dédiée aux étudiants et validant certains acquis autour des outils numériques.
« La certification PIX est mise en place tout au long de la vie, du lycée et même depuis le collège parfois, jusqu’à la sphère professionnelle. Cette certification nationale s’appuie sur un référentiel européen et permet de faire évoluer les compétences, non pas seulement de nos étudiants mais de l’ensemble de la société française, dans tous les domaines du numérique. Cela va de la production de documents numériques, à la protection des données et même aux bonnes postures à adopter en utilisant des terminaux numériques. »
Car il s’agit bien d’éviter de placer des étudiants en situation d’échec, dans cette période où l’hybridation des enseignements s’est installée. Accompagner n’est possible qu’en ayant une connaissance fine du niveau des étudiants à leur arrivée à l’université et au fil de leur parcours. « Lorsqu’ils atteindront le niveau master ou pour leur insertion professionnelle, les étudiants pourront alors afficher un niveau de maitrise des outils numériques qui leur sera demandé et qui sera validé par une épreuve contrôlée par l’université », précise Didier Baltazart.
Désormais les enseignants, les étudiants mais aussi les personnels administratifs de l’URCA ont pris l’habitude d’utiliser tous ces outils, de travailler sur un bureau virtuel, de se rencontrer via Zoom ou Teams et de partager des ressources via Moodle. Toutes les équipes ayant suivi les formations adéquates, la fluidité de la pédagogie semble assurée et est plutôt bien vécue.
Et pour demain ? Comment l’expérience universitaire va-t-elle évoluer sachant que les interactions seront à la fois virtuelles et en face à face ? Le campus de l’Université de Reims Champagne-Ardenne est déjà tourné vers les nouvelles technologies. Il innove constamment tant dans le déploiement des moyens que dans l’accessibilité au savoir et la validation des compétences. Cette agilité forte se ressent à tous les niveaux et se vit avec bonheur. Souhaitons que ce dynamisme perdure dans les prochaines décennies pour former les futures générations de talents dans la Région.
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